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Actualités des thérapies et des thérapeutes
Dépression : comment aider un proche malade ?

C oup de déprime ou dépression comment savoir ? Problèmes professionnels, soucis financiers, déception amoureuse, conflits familiaux etc… Tous ces évènements font hélas partie, à un moment ou à un autre de notre vie. Notre psychisme, mais aussi notre corps réagissent à ces situations. Nous nous sentons tristes, fatigués, sans énergie, ou alors énervés, tendus. Souvent, nous décrivons cet état comme « un coup de déprime » .
Il peut arriver aussi de broyer du noir sans raison particulière, sans qu’aucun changement ne soit intervenu. C’est parfois le signe d’une insatisfaction vis à vis de notre mode de vie. Ces manifestations, que même les personnes les plus optimistes connaissent, sont tout à fait normales. Elles sont caractérisées par les médecins comme des troubles d’adaptation, des états dépressifs mineurs non caractérisés, qui ne doivent pas être confondus avec la maladie dépressive.
Par Caroline Franc Desages, publié le 14/09/2015 dans l’Express styles vie perso

Aussi curieux que cela puisse paraître, ces moments de déprime ont une fonction d’adaptation. Nous interagissons de façon permanente avec notre environnement. Confronté à une perturbation de cet environnement, l’organisme réagit, permettant à l’individu d’adapter son comportement et ses pensées aux contraintes du monde qui l’entoure. Dans d’autres cas, ces manifestations peuvent amener à s’interroger sur sa vie, à redéfinir ses priorités pour trouver du sens à son existence et parfois prendre des décisions qui s’imposent, pour provoquer un changement. Ainsi une période de déprime peut être le déclencheur d’une évolution et déboucher sur un mieux-être.

C ontrairement à cette déprime passagère, la dépression est un état de profonde détresse qui dure. Personne n’est à l’abri de la dépression, on peut avoir tout pour être heureux et souffrir de dépression sévère. Maladie aux multiples facettes, la dépression est parfois difficile à reconnaître car la personne qui en souffre n’a pas toujours conscience de la gravité de son état. C’est la raison pour laquelle l’entourage peut jouer un rôle primordial dans le diagnostic et la prise en charge de la maladie. Ce texte apporte de précieux conseils dans ce sens.

Difficile lorsqu'on est proche d'une personne atteinte de dépression de savoir comment l'aider. Etre là sans étouffer, accompagner sans brusquer... Témoignages et conseils
" C'est arrivé assez brusquement. Bien sûr, après coup, je pourrais parler des signes avant-coureurs, d'une certaine mélancolie, de son irritabilité. Mais on vit tellement dans le stress du travail, on croule sous nos obligations de jeunes parents, que je me suis dit que c'était normal. Mais un matin, elle n'a pas pu se lever. Elle était comme tétanisée dans son lit et ne pouvait plus s'arrêter de pleurer. Et moi, honnêtement, j'étais totalement désemparé ".
Désemparé, Louis, 35 ans, l'a été pendant les six mois qu'ont duré la dépression de sa femme, Alix. Difficile en effet de comprendre pourquoi l'autre, qu'il s'agisse d'un conjoint, parent, enfant ou ami(e) sombre dans un trou qui semble sans fin. Compliqué de trouver la juste place, la bonne distance et les mots qui apaisent et soutiennent. Pourtant, les psychologues et psychiatres s'accordent à dire que l'entourage joue un rôle déterminant dans l'accompagnement des personnes dépressives. A condition de savoir comment s'y prendre...

Comprendre que la dépression est une maladie
" La première chose à faire lorsqu'on est proche d'une personne que l'on pense dépressive, c'est d'établir avec certitude le diagnostic, pour qu'une prise en charge médicale soit mise en place. Il y a certes un débat autour des antidépresseurs, mais pour certains, c'est une nécessité, afin de faire cesser les symptômes les plus envahissants ", recommande Elizabeth Facchini, psychologue clinicienne.
" Il faut en effet bien intégrer le fait que la dépression n'est pas un petit passage à vide ou un coup de cafard, mais une vraie maladie, aux causes diverses et souvent difficiles à identifier, mais qu'il faut traiter comme telle ".

Une fois la personne stabilisée, " l'encourager à se faire accompagner par un psychologue est également recommandé. Les antidépresseurs sont efficaces sur les symptômes, mais si l'on ne tente pas de trouver les origines de la dépression, celle-ci risque de revenir ".
"Votre proche peut avoir besoin que vous le souteniez dans son projet de soins. (...) pour bien suivre le traitement qui lui a été prescrit et l'inciter à consulter à nouveau avant de prendre une décision d'arrêt. En revanche, il serait tout à fait préjudiciable que vous l'incitiez à prendre un traitement qui a été efficace pour quelqu'un d'autre ou pour vous-même ", recommandent par ailleurs les psychologues et médecins auteurs de l'ouvrage La dépression, en savoir plus pour en sortir, publié par l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé).

Se faire soi-même aider
Autre conseil prodigué par Elizabeth Facchini, "se faire soi-même aider, lorsqu'on vit avec un(e) dépressif(ve). L'entourage n'échappe pas à la culpabilité inhérente à la dépression. Il faut savoir aussi se préserver, pouvoir parler à quelqu'un d'extérieur à tout cela de ce que l'on subit. La dépression, hélas, ne se limite pas à la personne qui en est atteinte."
"J'ai eu besoin personnellement de consulter un psychologue quand ma mère a sombré suite à son divorce. Je subissais ses sautes d'humeur, les rares fois où elle émergeait de sa léthargie, elle n'était pas forcément aimable. J'étais tentée de la secouer, ce qui ne servait à rien. Pouvoir confier mes "mauvaises pensées" à un psy m'a permis d'être bienveillante avec elle pendant cette difficile période", confie Marguerite, 23 ans.

Ne pas s'isoler ni infantiliser le malade
"Il faut résister à la tentation de ne faire plus qu'un avec la personne dépressive, d'entrer dans une bulle que l'on imagine protectrice", poursuit Elizabeth Facchini. " L'isolement est la dernière chose dont on a besoin dans ces cas là, mais cela peut être tentant ". "Même si elle n'en donne pas l'impression, une personne qui souffre de dépression est très sensible aux offres d'aide (courses, ménage, cuisine, bricolage...) et aux "petites attentions", constatent les auteurs du guide de l'INPES. Mais attention, préviennent-ils, à ne pas être trop "maternel" ou "envahissant". "Si votre proche se sent infantilisé, vous risquez de renforcer son sentiment de dévalorisation -"Je ne suis plus bon à rien". "Tomber dans l'infantilisation de la personne n'est pas la meilleure des options", confirme Elizabeth Facchini. Pour la psychologue, la question n'est par ailleurs pas tant de trouver sa juste place que "d'être en mesure d'entendre ce que le malade attend de nous".
Autrement dit, plutôt que de chercher à tout prix à "faire plaisir", ce qui peut en outre s'avérer assez vain, mieux vaut poser la question à l'autre, de ce dont il pense avoir besoin. Sachant que l'on est en droit de répondre favorablement ou non à certaines exigences, de dire à l'autre, "ça, je ne peux plus l'entendre, je n'arrive pas à supporter telle ou telle chose, mais ça, je peux le faire."

Proscrire les "bons conseils" et les injonctions
Également à proscrire, les "bons conseils" et injonctions, "qui peuvent être tentants quand on n'a jamais été soi même aux prises avec la dépression", analyse Elizabeth Facchini. Il ne sert en effet à rien d'accabler le proche à coup de "Si j'étais toi, je ferais...", "Ne te laisse pas aller!", ou du fameux "Bouge-toi un peu au lieu de traîner au lit tous les matins!"
"Demanderiez-vous à une personne atteinte de la grippe d'arrêter d'avoir de la fièvre? " interrogent également les auteurs du guide de l'INPES. "En revanche, vous pouvez rassurer votre proche en lui disant (en lui répétant au besoin) que vous comprenez ses difficultés, qu'il n'est pas fou, que la dépression est une maladie qui touche beaucoup de monde et que l'on peut s'en sortir avec de l'aide et du temps."

Oser parler des idées noires
"Il ne faut pas faire abstraction des risques de suicide inhérents à la dépression. Heureusement, cela n'est pas systématique, mais l'une des issues les plus graves peut-être la tentation de mettre fin à ses jours. Là aussi, en tant que proche, on a la responsabilité de ne pas se voiler la face, de ne pas balayer d'un revers de main les allusions dans ce sens que le malade peut faire. Il ne faut pas avoir peur de mettre des mots sur ces pensées sombres, même si c'est angoissant de les entendre".
"Le risque suicidaire ne doit pas être sous-estimé: environ 7 % des personnes touchées par la dépression meurent par suicide", confirme l'INPES. "Cependant, il faut savoir que l'immense majorité des personnes en proie à des idées de suicide ne feront pas de tentative". Il faut, souligne le guide de l'institut, être particulièrement alerté par " l'évocation d'un 'départ' ou de la volonté de 'rejoindre des êtres disparus'"; les dons d'objets qui ont une valeur affective pour votre proche ; la mise en ordre de ses affaires personnelles; la prise de dispositions testamentaires; la prise de contacts pour remercier ou dire au revoir; un apaisement ou un soulagement soudain sans raison apparente : cette 'amélioration' inattendue peut être provoquée par la décision de passer à l'acte et par la perspective de mettre ainsi un terme à ses souffrances.

L e plus important, ajoute Elizabeth Facchini, "est de comprendre que la dépression n'est pas qu'une 'parenthèse': après un tel épisode, rien n'est plus jamais totalement pareil. La dépression survient souvent après un deuil, une transition comme un déménagement, la perte d'un emploi, etc. Elle marque chez la personne qui en est atteinte une transformation, dont on peut ressortir parfois plus fort, ou plus fragile, mais toujours différent. "Minimiser ces conséquences lorsqu'on est dans la peau d'un proche risque de compromettre la relation à terme. D'où, j'insiste, la nécessité de ne pas sous-estimer les conséquences que la maladie peut avoir sur soi même et donc de savoir demander de l'aide, même lorsqu'on n'est pas celui ou celle qui souffre de dépression".

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